La disparition des abeilles en quelques chiffres
Effondrement des colonies d'abeilles domestiques.
Les scientifiques du monde entier s’accordent pour constater un effondrement des populations d’insectes. Si l’on estime que près des 80% d’entre eux auraient disparus depuis 30 ans (source étude scientifique internationale 2017 publiée dans la revue PLoS One), les abeilles, sentinelles de la biodiversité, sont au premier plan. Depuis plusieurs années, un phénomène étrange et inquiétant est observé un peu partout sur la planète : des colonies entières d’abeilles domestiques disparaissent, laissant les apiculteurs anéantis devant leurs ruches vides.
En France, depuis 1995, le taux de mortalité des colonies est passé de 5% en temps normal, à 30 %, voire 40 %. Ce qui veut dire que 300 000 ruches périssent chaque année ! Pour 2018, tout particulièrement en Bretagne, certains apiculteurs ont accusé jusqu’à 90 % de pertes ! (Données Union Nationale de l’Apiculture Française).
Les pollinisateurs sauvages également en danger.
Mais les abeilles à miel (apis mellifera) ne sont pas les seules concernées. En France, on compte mille espèces d’abeilles sauvages : bourdons, abeilles solitaires, osmies, andrènes, syrphes, etc… Et ces dernières sont également exposées à ces mêmes dangers, sans pour autant bénéficier du même écho médiatique. En Europe, 46 % des espèces de bourdons sont en déclin, et plusieurs sont en danger d’extinction : tout indique que le bilan de la faune sauvage est donc encore plus lourd et reste pour le moment largement méconnu du grand public car moins perceptible.
Chez les abeilles solitaires, contrairement aux abeilles sociales des ruches, le même individu a en charge la pollinisation et la reproduction, ainsi s’il meure, la reproduction n’est plus assurée. De plus, leurs larves ne sont pas nourries à la gelée royale mais directement avec du pollen et du nectar, potentiellement contaminés par des insecticides. Enfin, 80% des espèces sauvages nichent à même le sol, creusant leur nid dans les galeries de terre sèche pouvant alors être exposées à une pollution par des pesticides.
Les causes
Le déclin des abeilles est multifactoriel, un seul facteur suffit à les affaiblir, cumulés, ils leur sont fatals.
Notre modèle industriel d’agriculture intensive a profondément modifié nos paysages (disparition des haies et prairies extensives aux flores variées) et développé l’usage des pesticides dont les désherbants éradiquant les « mauvaises » herbes. Tout ceci a entrainé une baisse de la biodiversité florale dont les abeilles ont besoin pour se nourrir. Ce constat est renforcé par l’uniformisation des cultures et l’arrivée de nouvelles espèces auto-fertiles sans nectar (exemple récent des colzas).
Les abeilles sont également menacées par les insecticides néonicotinoïdes qu’elles butinent sur les cultures florifères : ils attaquent leur système nerveux, leur faisant perdre le sens de l’orientation indispensable pour retrouver leur ruche. Seules, elles meurent. (Etude 2012 INRA/CNRS - France).
Cet affaiblissement général ne leur permet plus de lutter efficacement contre les affections nouvelles (varroa, nosémose, loque) et les prédateurs (frelons asiatiques…) récemment introduits qui viennent décimer les colonies.