Les abeilles mellifères sont particulièrement actives sous le soleil.
Dès la fin de l’hiver, elles profitent des quelques journées ensoleillées pour explorer l’environnement à la recherche de nourriture, en particulier de pollen précoce (saule marsault, noisetier); la reine recommence à pondre, la vie de la ruche reprend progressivement.
Au printemps, avec l’augmentation de la température, arrivent les premières récoltes de nectar (prunelliers, merisiers, puis tous les fruitiers). L’activité de la ruche se développe ainsi harmonieusement avec le réveil de la nature et se poursuit jusqu’en été, en fonction des biotopes (fleurs de prairies, arbres, cultures d’oléagineux).
De fin août à octobre, les colonies commencent à réduire leur activité, constituant les réserves de nectar et pollen pour la saison froide, ainsi qu’en arrêtant la ponte. Les abeilles qui passeront l’hiver naissent toutes avant l’automne; elles auront pour mission de tenir jusqu’à la reprise de la ponte au printemps.
Ce cycle d’activité est donc très dépendant des saisons propres à notre climat tempéré. Mais depuis plusieurs années, le changement climatique affecte de façon chaotique le passage d’une saison à l’autre et rend les extrêmes plus marqués.
Un printemps précoce, comme en 2015, fait brusquement démarrer l’activité de la ruche. Puis les températures chutant, les fleurs écloses ont cessé de produire du nectar, les abeilles ne sortaient plus, ne pouvaient alors nourrir la ponte des jours précédents. Les apiculteurs ont dû nourrir certaines ruches pour les sauver, sinon les abeilles auraient été forcées d’abandonner les larves qu’elles étaient en train d’élever. Résultat : les ruches en sont sorties très éprouvées.
Il y a aussi des journées chaudes et lourdes, qui peuvent alterner avec des périodes froides de plusieurs jours, provoquant des essaimages nombreux (des abeilles quittent la ruche accompagnée d’une reine pour former une nouvelle colonie), rendant les ruches inopérantes pour plus d’un mois, le temps que la colonie se reconstitue. Suite à ces températures en dents de scie, certaines ruches ne reprennent pas leur activité et sont alors définitivement perdues.
Les canicules estivales à répétition comme celles que nous avons connues cette année raccourcissent, par ailleurs, la période de floraison : les fleurs ne durent pas à cause des hautes températures et par manque d’eau. Les abeilles sont alors obligées de produire du miellat non plus à partir d’un nectar de fleurs mais grâce à la sève des arbres (exemple : chênes) qui suinte sur les feuilles à cause des fortes chaleurs.
L’automne peut être également très critique. Depuis plusieurs années, nous apprécions les agréables « étés indien ». Mais alors qu’il fait encore beau et chaud, la végétation de cette saison ne présente naturellement que peu de fleurs. Les abeilles sont donc toujours très actives, mais sans nectar à ramasser, elles commencent alors à consommer les réserves de nourriture dont elles auraient besoin pour l’hiver. Et lorsque le froid s’installe, les ruches sont toujours en ponte et n’ont plus de quoi se nourrir. Là encore, il faut suppléer et procéder à des nourrissages si l’on veut retrouver au printemps des ruches et des abeilles en vie.