L’écosystème d’un paysage d’agriculture intensive ne permet pas de nourrir convenablement les abeilles domestiques ainsi que les pollinisateurs sauvages. L’implantation de bandes réservées pour une jachère apicole comportant un mélange d’espèces spécifiques va favoriser leur recherche de nourriture mais aussi habitats et refuges. Les plantes utilisées sont toutes des espèces indigènes et majoritairement pérennes, comme les pâquerettes, le calendula, la centaurée scabieuse, la phacélie, des graminées mais aussi des légumineuses (trèfles, mélilot). Elles sont choisies pour leur capacité à attirer, maintenir et favoriser une biodiversité d’insectes pollinisateurs la plus large possible (abeilles domestiques et sauvages, syrphes, bourdons, papillons…).
Vont être prises en compte pour ce choix des variétés florales, la quantité et la qualité des pollens et nectars qu’elles fournissent mais également leur degré d’accessibilité à ces ressources. En effet selon la morphologie de la fleur, vont être attirés des pollinisateurs spécifiques ayant la capacité d’aller butiner au cœur des coroles.
Les périodes et durées de croissance et de floraison des espèces jouent également un rôle très important dans leur capacité à nourrir les insectes. La floraison du bleuet par exemple, de juin à août, va permettre aux abeilles domestiques d’enrichir les miels d’été.
Les jachères apicoles sont donc des oasis où les abeilles peuvent butiner un pollen et un nectar de qualité en quantité et d'origines diversifiées. Pour ces trois raisons, les colonies se retrouvent bien alimentées. Elles sont alors plus résistantes et leurs défenses immunitaires leurs permettent de mieux faire face aux parasites, virus et pathologies, ainsi qu’aux prédateurs extérieurs.
La fauche tardive va permettre que se ressème, outre les espèces choisies, une végétation spontanée qui va peu à peu s’installer parmi les semis sélectionnés. Elle va donc engendrer une floraison très diversifiée sur une longue période. De plus, si cette fauche est effectuée à la sortie de l’hiver, les tiges sèches vont servir d’abris pour les larves des pollinisateurs sauvages.
Grâce à une implantation établie sur plusieurs années, peu à peu va s’installer une dynamique de population permettant ainsi de restaurer un espace dégradé en régénérant des sites de reproduction et d’hivernage.